Des émissions de GES sous-estimées

C’est l’un des plus puissants gaz à effet de serre (GES) anthropiques. Et l’un des plus mal surveillés aussi. En utilisant un puissant chromatographe en phase gazeuse, couplé à un spectromètre de masse, des chercheurs du laboratoire suisse d’essai des matériaux et de recherche (Empa, selon l’acronyme allemand) ont mesuré avec précision et en continu la concentration de trifluorocarbone (HFC-23), un GES dont le pouvoir de réchauffement global est 14.800 fois supérieur à celui du CO2.

Installé dans la station météorologique de Jungfraujoch (à 3.450 m d’altitude en Suisse) et dans un laboratoire situé à Mace Head (Irlande), le dispositif est non seulement capable de traquer de multiples polluants, même présents à l’état de traces, mais aussi de déterminer leur source d’émission.

Suite à une campagne de mesures réalisée entre juillet 2008 et juillet 2010, les scientifiques helvétiques ont donc évalué les concentrations réelles de HFC-23 et les ont comparées aux statistiques officielles 2009 de quelques Etats de l’Union européenne. Pour que l’étude soit objective, les cieux des 5 pays producteurs de HFC 23 (Pays-Bas, France, Allemagne, Italie, Royaume-Uni) ont été audités, de même que ceux de 3 pays non producteurs (Autriche, Suisse et Irlande).

Surprise, les statistiques officielles des pays producteurs minorent systématiquement les rejets réels d’un facteur 2 à 4. L’Italie triche beaucoup plus que ses compétiteurs : ses données officielles sont, selon les années, 10 à 20 fois inférieures aux concentrations effectivement mesurées par l’Empa. Soit l’équivalent de 270.000 à 630.000 tonnes équivalent CO2 par an.

Dans les pays ne produisant pas ce gaz réfrigérant, les chiffres officiels sont, en revanche, conformes aux résultats des mesures des chercheurs helvétiques.

Valéry Laramée de Tannenberg

source : Journal Environnement

Photo : les émissions de HFC en Martinique


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