La qualité de l’air et les Français

L’ADEME a publié son enquête annuelle sur la qualité de l’air, les énergies renouvelables et les économies d’énergie dans le logement. C’est l’occasion de mieux percevoir l’attitude des Français vis-à-vis de la qualité de l’air. Extraits.

Les inquiétudes sur la pollution de l’air se concentrent de plus en plus sur l’air extérieur

La dégradation de la perception de la qualité de l’air observée en 2021 se poursuit cette année. C’est principalement le cas pour la perception de la qualité de l’air en France en général, qui perd 3 points et retombe à 64%. Les impressions concernant la qualité de l’air près de chez soi évoluent moins (72%, -1 pt), de sorte que l’écart entre la perception de qualité de l’air près de chez soi et celle de l’air en France plus globalement atteint 8 point, près des plus grands écarts mesurés.

Comme les années précédentes, la qualité de l’air extérieur est davantage mise en question que celle de l’air intérieur. Les témoignages de gênes ressenties à cause de l’air extérieur augmentent même de 3 points cette année (42%), annulant en partie la baisse de 8 points enregistrée entre 2018 et 2021. Il faut d’ailleurs remarquer la forte hausse de l’air extérieur parmi les sources de pollutions identifiées par les Français à l’intérieur des habitations (30%, +6 pts). Malgré tout, l’aération quotidienne de son logement demeure en tête des gestes pratiqués pour améliorer la qualité de l’air de son logement (80%, +4 pts). D’autres gestes voient leur diffusion augmenter, notamment l’évacuation de l’humidité intérieure (60%, +4 pts) et surtout l’effort de ne pas fumer à l’intérieur des habitations (46%, +7 pts) qui revient à des niveaux qui n’étaient plus observés depuis 5 ans (45% en 2017).

En très légère hausse cette année, la circulation routière (70%, +2 pts) et les activités industrielles (58%, +1 pt) demeurent de loin les principales sources incriminées pour la pollution de l’air près de chez soi. Les activités agricoles sont quant à elles de moins en moins identifiées comme une source de pollution, cette année étant la troisième année de baisse consécutive observée sur ce poste (23%, -3 pts depuis 2021, -6 pts depuis 2019).

La part des Français qui dit avoir souffert ou vu souffrir des proches de gênes imputables à l’air intérieur reste remarquablement stable (28%, -1 pt). Dans le détail, l’inquiétude concernant la qualité de l’air intérieur a rattrapé les niveaux d’avant Covid-19 pour deux lieux :

  • Les crèches et écoles : 57% cette année (+3 pts) contre 56% en 2019 ;
  • Le lieu de travail : 54% cette année (+2 pts) contre 52% en 2019.

En tout, 44% des Français témoignent de gênes à cause de la pollution de l’air (+1 pt) pour eux ou leurs proches.

Le soutien aux mesures pour limiter la pollution de l’air repart à la hausse

Après deux années d’érosion, le soutien aux mesures visant à réduire la pollution de l’air repart globalement à la hausse. Le classement des mesures les plus soutenues est toutefois peu affecté. Les mesures pour faciliter l’accès aux transports en commun demeurent les plus plébiscitées, qu’il s’agisse de la gratuité du réseau en cas de pic de pollution ou du développement des réseaux plus généralement (90%, +4 pts pour les deux mesures). Les plans de développement des mobilités douces sont également toujours fortement approuvés, en particulier les mesures favorisant les déplacements à pied (88%, +5 pts) qui reprennent la troisième place du classement.

En 2022, marquée par l’inflation et la crise de l’énergie, les mesures qui touchent plus ou moins directement au pouvoir d’achat sont les seules à voir leur soutien reculer, sans s’effondrer pour autant. Une majorité des personnes interrogées demeure ainsi favorable à l’interdiction toute l’année de la circulation des véhicules les plus polluants sur une partie de la ville ou de l’agglomération en fonction de leur vignette CRIT’Air (53%, -4 pts). La mise en place de péages dans les centres-villes ou à l’entrée des villes inspire toujours beaucoup plus d’hostilité, mais un quart des personnes interrogées s’y montre tout de même favorable (26%, -3 pts).

Le chauffage au bois est-il une variable d’ajustement face à l’inflation ?

Pour la première fois depuis le début du baromètre, moins d’un tiers des Français déclare utiliser le chauffage au bois (30%, -4 pts). La baisse de l’utilisation de ce mode de chauffage est due à la baisse de la part d’utilisateurs occasionnels s’en servant en chauffage d’appoint (12%, -1 pt) mais surtout en chauffage d’agrément (11%, -3 pts). L’usage du chauffage au bois comme mode principal de chauffage reste stable (7%).

Parmi les utilisateurs du chauffage au bois, la diffusion des pratiques limitant la pollution de l’air générée augmente légèrement (91%, +1 pt). Les gestes les plus courants demeurent la vigilance sur la durée de séchage du bois (54%, +3 pts) et sur l’entretien de l’appareil et des conduits (49%, +2 pts), ce qui pourrait s’expliquer en partie par la réduction du nombre d’usages occasionnels. Ce dernier geste demeure toutefois nettement moins répandu qu’avant la pandémie de Covid-19 : 58% des utilisateurs du chauffage au bois citaient ce geste en 2019 et même 60% en 2014.

Année après année, la connaissance des pollutions induites par le chauffage au bois non performant ne s’améliore pas. 59% des utilisateurs du chauffage au bois sont étonnés d’apprendre que le seul chauffage au bois domestique non performant émet davantage de particules fines en France que le secteur des transports (+2 pts). A ces personnes s’ajoute encore cette année une part d’utilisateurs affichant leur défiance : 8% ne croient pas à ce chiffre (-2 pts). Toutefois en apprenant la pollution causée par le chauffage au bois non performant, une part croissante des utilisateurs du chauffage au bois déclare avoir envie de prendre plus de précautions : 57% cette année contre 53% en 2021.

La vigilance se rétablit en matière d’élimination de déchets verts

La part des Français déclarant ne pas avoir de déchets verts à éliminer atteint cette année son niveau le plus haut depuis le lancement du baromètre : 27% des Français déclarent ne pas avoir de jardin ou ne pas avoir de déchets verts (+3 pts).

Concomitamment, le soin porté à l’élimination des déchets verts retrouve son niveau de 2020. Après une baisse l’année dernière, la part des personnes interrogées qui les apportent en déchèterie est en forte hausse (42%, +7 points). Dans le même temps, le compostage à la maison et le recours aux bacs de collecte en porte à porte se maintiennent (respectivement 35% et 13%). De plus, les pratiques de brûlage des déchets sont en recul, pour revenir elles aussi à leur niveau de 2020 : 4% des personnes interrogées déclarent brûler leurs déchets verts à l’air libre (-2 pts), tout comme 4% déclarent le faire dans un incinérateur individuel (-1 pt).

Malgré une baisse par rapport à l’année dernière, les personnes qui déclarent brûler leurs déchets verts se justifient avant tout par le caractère pratique de cette solution (35%, -6 pts). Toutefois, le point marquant de cette vague du baromètre est la forte hausse de la remise en cause du bien-fondé de l’interdiction du brûlage :

  • 34% des personnes concernées jugent qu’elles pollueraient plus en prenant leur voiture pour aller à la déchetterie (+12 pts) ;
  • 29% déclarent ne pas comprendre pourquoi cela est interdit (+18 pts)

Source : Synthèse de l’enquête de l’ADEME sur l’attitude des Français à l’égard de la qualité de l’air et de l’énergie 2022


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