Brumes de sable : l’ANSES confirme leur impact sur la santé

Un rapport récemment publié par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) confirme ce que Madininair observe chaque année : les brumes de sable venues du Sahara influencent la qualité de l’air et présentent des effets discernables sur la santé dans les zones touchées.

Un phénomène naturel, loin d’être anodin

Les brumes de sable proviennent des poussières désertiques soulevées dans les régions sahariennes. Les vents peuvent les transporter sur de longues distances, notamment jusqu’aux Caraïbes, en cinq à sept jours, sous l’effet des alizés.
Chaque année, environ 20 millions de tonnes de ces particules se déposent dans les Caraïbes, selon les organismes internationaux.
L’ANSES souligne aussi qu’avec le changement climatique, les schémas atmosphériques pourraient évoluer, entraînant des épisodes plus fréquents ou plus intenses dans certaines périodes.

Une composition multiple, sans signature unique

L’un des points-clés du rapport est de rappeler qu’il n’existe pas de composition type pour les brumes de sable.
Chaque épisode a une signature particulière, fonction de la zone de départ, du trajet et des interactions avec l’air ambiant.
Cependant, certaines tendances ressortent globalement :

  • une fraction majoritairement minérale (silicium, aluminium, fer, calcium, magnésium…) ;
  • des éléments traces métalliques (zinc, cuivre, manganèse, plomb, arsenic…) ;
  • des composés secondaires (sulfates, nitrates, ammonium) pouvant s’ajouter pendant le transport ;
  • une fraction biologique : bactéries, champignons.
    Cette complexité montre que les brumes de sable ne peuvent être considérées comme de simples poussières minérales : leur composition, enrichie au fil du transport, peut influencer leurs effets potentiels sur la santé.

Effets sur la santé : un impact confirmé

Les études rassemblées dans le rapport montrent une liaison claire entre les épisodes de brumes de sable et l’augmentation de troubles respiratoires et cardiovasculaires. Ces effets concernent principalement les populations susceptibles : enfants, personnes âgées, femmes enceintes, personnes atteintes de maladies chroniques.

  • Troubles respiratoires
    Pendant les épisodes, on constate une hausse des crises d’asthme, de la toux, de la gêne respiratoire et des irritations (yeux, gorge). Ce sont les personnes sensibles, notamment les asthmatiques et les enfants, qui subissent le plus ces effets.
  • Effets cardiovasculaires
    Bien que moins prononcés que pour le système respiratoire, les épisodes peuvent accroître légèrement les risques cardiaques, en particulier chez les personnes fragiles. L’inhalation de particules stimule l’inflammation et peut perturber les fonctions cardio-respiratoires.
  • Santé périnatale
    Certaines recherches présentées dans le rapport suggèrent un lien entre l’exposition répétée aux brumes de sable et des effets sur la grossesse, comme un risque accru d’accouchement prématuré ou de faible poids de naissance. Ces résultats restent à confirmer par des études complémentaires.

Que recommande l’ANSES ?

L’ANSES ne propose pas de mesures radicales nouvelles, mais insiste sur la nécessité d’agir de façon coordonnée et progressive, au niveau de la gestion des épisodes comme de la recherche scientifique.

  • Gestion des épisodes
    Les dispositifs actuels de gestion de la qualité de l’air (alertes pour les pics de particules) intègrent déjà les poussières sahariennes, puisque celles-ci sont comptabilisées dans les PM10. Le rapport note qu’aucune mesure spécifique aux épisodes de brume ne peut être proposée dans l’état actuel des connaissances. Toutefois, il est crucial de réduire les émissions locales (trafic, brûlages, chantiers) pendant les épisodes, pour limiter la concentration totale de particules et l’exposition.
  • Recherche à renforcer
    Le rapport appelle à approfondir les connaissances dans plusieurs domaines :
    • Composition des particules : chimie, microbiologie, taille, du site d’émission jusqu’à l’arrivée.
    • Études épidémiologiques comparatives : mesurer les effets dans des régions proches ou lointaines des sources sahariennes.
    • Toxicité / mécanismes biologiques : évaluer l’impact des particules sur différents tissus, voies d’exposition, voies inflammatoires.
    • Harmonisation méthodologique : pour que les résultats soient comparables entre les études — recourir à la modélisation, aux données satellitaires ou aux stations de mesure.
    • Exploration de particules autres que les PM10 : les particules très fines ou plus grandes peuvent avoir des effets différents.
    • Interactions et facteurs modifiants : conditions météo, pollution locale, composition chimique.
  • Liens avec l’environnement
    Le rapport recommande d’élargir l’étude aux effets environnementaux des brumes :
    • l’impact sur les écosystèmes marins et côtiers, notamment les proliférations d’algues sargasses ;
    • les contaminations des sols et des eaux, et leur répercussion dans les chaînes alimentaires ;
    • l’influence sur les paramètres environnementaux (paléto, UV, température, pH) ;
    • et la temporalité des effets : délais entre dépôt et réponse, durée des impacts.

Un risque réel — et des marges d’action

L’ANSES conclut que les brumes de sable constituent un risque réel pour la santé publique, pour trois raisons :

  1. Fréquence accrue des épisodes dans les zones tropicales ;
  2. Composition complexe des particules transportées ;
  3. Cumul possible avec d’autres polluants locaux (trafic, chantiers, combustion).

L’agence souligne l’importance d’intensifier la recherche interdisciplinaire (chimie, microbiologie, santé) et de mieux coordonner les dispositifs d’alerte et de prévention entre les acteurs de l’air, de la santé et de l’environnement.

Ce rapport confirme de manière scientifique les observations faites depuis plusieurs années par les acteurs de terrain comme Madininair, tout en apportant un cadre consolidé pour la recherche et la gestion des épisodes.
Il rappelle que la compréhension fine de ces phénomènes, associée à des actions coordonnées, reste essentielle pour mieux protéger les populations exposées.

Pour aller plus loin
Consulter le rapport complet de l’ANSES sur les brumes de sable (2025)


Vous avez trouvé ce contenu intéressant ? Faites-en profiter vos amis :