Premières mesures des particules ultrafines (PUF) et du carbone suie en Martinique
En 2022, Madininair a lancé des mesures inédites de particules ultrafines (PUF) et black carbon (ou carbone suie) en Martinique. Depuis le début d’année, le station urbaine Bas Mission du Lamentin s’est dotée d’appareils de mesure de haute technologie afin d’évaluer ces deux nouveaux polluants.
Ces mesures s’inscrivent dans une orientation nationale du Ministère en charge de la Transition Ecologique, en réponse aux recommandations de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) qui, en juin 2018, a inscrit les PUF et le black carbone parmi les 13 polluants émergents prioritaires pour une surveillance à venir dans l’air ambiant.
Actuellement, il n’existe pas de valeurs limites de référence pour ces polluants. Les résultats de mesure ne peuvent donc pas faire l’objet d’interprétation sanitaire.
Ces mesures exploratoires visent à améliorer les connaissances sur les particules fines en Martinique. La mesure des PUF permet d’apporter des données nouvelles sur des particules de quelques nanomètres de diamètre (diamètre 100 fois inférieur aux particules fines surveillées actuellement : les PM10 et PM2,5). Par ailleurs, la mesure du carbone suie (ou black carbon) devrait permettre une analyse plus fine des sources de particules fines en distinguant la combustion de biomasse et la combustion d’énergie fossile (source trafic routier notamment).
Les résultats de la première année de mesure de ces 2 polluants, PUF et carbone suie, devraient être disponibles en début d’année 2023.
Que sont les « particules ultrafines » ?
Les particules ultrafines sont les particules actuellement les plus petites que l’on puisse mesurer et observer. Leur taille est inférieure à 0,1 micromètre, (100 nanomètres) ce qui correspond à la taille d’un virus ou d’une molécule d’ADN.
A ce jour, seules les particules inférieures à 10 micromètres (PM10) et 2,5 micromètres (PM2.5) sont réglementées pour leurs effets sur la santé (plutôt respiratoire pour les PM10, cardio-vasculaire et neurologique pour les PM2,5, qui sont plus petites et peuvent passer dans le sang). Mais, les recherches sanitaires démontrent que les particules ultrafines sont encore plus nocives que les particules de taille supérieures, car elles pénètrent plus profondément dans l’organisme. C’est pourquoi l’Anses recommande le suivi de ces polluants non réglementés, en complément des particules PM2,5 et PM10 actuellement en vigueur, et insiste sur la mise en place d’une surveillance pérenne de ces polluants émergents.
Qu’est-ce que le black carbon (ou carbone suie) ?
Le carbone suie est un des composants des particules dites carbonées, produites lors des combustions incomplètes d’hydrocarbures et de biomasse. Le carbone suie forme le cœur des particules carbonées, auquel s’agrège de la matière organique. Il appartient principalement aux particules fines PM2,5 (de diamètre inférieur à 2,5 μm), mais se retrouve principalement dans la partie la plus petite de celles-ci, les particules dont le diamètre est égal ou inférieur à 1 μm (plus petite qu’une bactérie).
Ses principales sources sont les moteurs à combustion (diesel essentiellement), la combustion résidentielle de bois et de charbon, les centrales électriques, l’utilisation de fioul lourd ou du charbon, la combustion de déchets agricoles, ainsi que les incendies de forêt et de végétation.
La dangerosité du carbone suie est liée à sa taille qui lui permet de pénétrer profondément dans l’appareil respiratoire et de s’y déposer, mais également à ses propriétés chimiques.