Premiers résultats du projet CORSaiR : l’impact des sargasses sur la corrosion accélérée des métaux prouvée scientifiquement
Depuis 2021, Madininair participe au projet CORSAiR, un projet de recherche piloté par le L3MA - unité de recherche de l’Université des Antilles - sur la corrosion des matériaux métalliques due aux échouements d’algues Sargasses.
Ce projet prévu sur 2020-2023 a été financé par l’Agence Nationale de la Recherche, l’Union Européenne et la Collectivité Territoriale de Martinique. Il réunit 7 partenaires en plus du L3MA et de Madininair : le LEMAR et le LABSTICC de l’Université de Bretagne Occidentale, le LBCS de l’Université de Bretagne Sud, l’Institut de Corrosion, l’association Ecomobil, l’IEDP de l’Université de Paris-Saclay, le DBCS de l’Université des West Indies.
Rappel des principaux objectifs du projet CORSaiR
Les objectifs poursuivis par le projet CORSAiR sont de :
- caractériser la cinétique de corrosion,
- lier les phénomènes de corrosion accélérée à la présence des algues Sargasses en identifiant les mécanismes de dégradation,
- trouver des solutions physico-chimiques (solutions vertes d’inhibition de la corrosion, solutions d’antifouling) et proposer des "arrangements" juridiques.
Rôle de Madininair dans le projet CORSaiR
De par son expérience de surveillance des gaz émis par la dégradation des algues Sargasses, Madininair a accompagné les chercheurs dans la stratégie d’étude afin de mettre en corrélation le phénomène de dégradation des matériaux avec la qualité de l’air.
L’observatoire réalise également depuis janvier 2021 des mesures spécifiques dans l’air ambiant, des composés corrosifs issus de la biodégradation des algues sur 3 sites distincts : un site fortement impacté par les échouages, un site modérément impacté et un site à l’intérieur des terres, éloigné des échouages mais sur lequel une dégradation accélérée des matériaux est observée. Pour ce faire, Madininair a mis en place sur chaque site, des mini-stations pour la mesure de l’hydrogène sulfuré et de l’ammoniac, ainsi que des jauges pour évaluer les sels marins dans des retombées atmosphériques. Ces mesures permettent aux chercheurs de mieux comprendre l’impact des composés chimiques issus de la décomposition des Sargasses sur la corrosion de matériaux métalliques.
Premiers résultats
Le projet se terminera à la fin de l’année 2023 mais des premiers résultats sont déjà disponibles au travers de thèses, de communications orales et écrites.
Madame Mahado Said Ahmed, doctorante au laboratoire L3MA, a notamment présenté, lors de sa soutenance de thèse le 19 juin dernier, ses travaux de recherche sur l’impact des sargasses sur la corrosion des métaux auxquels Madininair a participé. Ses travaux actent, pour la première fois, le lien de causalité scientifique entre sargasses et corrosion des métaux. Les mesures de corrosion par méthodes électrochimiques et gravimétriques réalisées sur les différents sites révèlent des différences selon le terrain d’exposition, notamment sur la vitesse de corrosion. Ses travaux démontrent que l’hydrogène sulfuré émis lors de la décomposition des algues est responsable de la corrosion accélérée des principaux métaux utilisés notamment dans les appareils ménagers et les enrobages, comme les tôles sur les toits. Le cuivre et le zinc se sont avérés être particulièrement impactés.
Au-delà de ces résultats sur l’évaluation de la corrosivité, des solutions physico-chimiques et biologiques se dessinent. Ainsi, les premiers extraits d’une espèce de Sargasses ont montré une efficacité inhibitrice significative. De même, une autre espèce d’algues marines, trouvée dans les eaux de la mer des Caraïbes, a montré son intérêt à être étudiée en tant que molécule biocide et antisalissure.
L’exploration de l’arsenal juridique, menée de la manière la plus exhaustive possible, se poursuit afin de mettre en évidence les solutions qu’il convient d’ajouter pour accompagner les victimes.
Plus de détails sur le projet CORSaiR et son avancée sur cette video réalisée par le L3MA :