Vers une meilleure évaluation des particules désertiques en Martinique

Depuis le début de ses mesures en 2001, Madininair enregistre des nombreux pics de pollution en particules fines PM10 (particules dont le diamètre est inférieur à 10μm). Ces particules fines sont issues de sources anthropiques (trafic automobile, industries) mais également de sources naturelles. En effet, la Martinique est touchée périodiquement par des épisodes de brume de sable venant d’Afrique.

La surveillance des PM10 s’appuie sur des méthodes de référence européennes, basées sur un suivi temporel des concentrations et très peu sur l’analyse chimique des particules. Ces méthodes utilisées actuellement ne permettent pas de définir la part des particules issue de l’activité humaine et la part issue de sources naturelles telles que les brumes de sable.

Pour avoir une meilleure connaissance de la nature de ces particules, Madininair participe depuis 2010 à une étude sur la caractérisation chimique des particules fines, le projet CARA, menée par le Laboratoire Central de la Surveillance de la Qualité de l’Air (LCSQA). Cette étude a pour objectif de réaliser, sur la région Martinique, une spéciation chimique des particules et ainsi de quantifier la part des particules d’origine désertique.

Pour compléter cette étude et pour répondre à la directive européenne 2008/50/CE qui oblige à une estimation de la part naturelle sur la mesure de particules, Madininair projette de mettre en place une station de mesure « brume » destinée à déterminer de la manière la plus exhaustive possible, la contribution des particules désertiques transfrontalières. Cette station serait située sur la côte Atlantique, loin de toute source anthropique potentielle. Elle mesurerait en continu et en temps réel les concentrations en PM10 et permettrait également de réaliser des analyses chimiques en continu afin d’améliorer les connaissances sur la nature des particules désertiques. L’objectif final est donc que les résultats de mesure de cette station permettent de définir, lors d’un dépassement de seuil ou de la valeur limite, la part imputable aux particules désertiques transfrontalières.

De mars à juillet 2012, Madininair a donc réalisé une étude préliminaire à
l’implantation de cette station fixe dite « brume ». En partenariat avec les collectivités locales, l’association a mis en place un dispositif mobile permettant la mesure en continu et en temps réel des concentrations en particules fines PM10 sur des sites loin des sources anthropiques. L’unité mobile a donc été disposée sur 4 sites dans les communes du Robert, François et Trinité. Cette unité a mesuré, en temps réel et en continu, les quantités de PM10 et de NO2 dans l’air (la mesure de NO2 permettant d’évaluer l’influence anthropique du site de mesure).
Parallèlement à ces mesures de quantités de PM10, une analyse chimique (toujours dans le cadre du projet CARA) a été réalisée sur les particules prélevées sur ces sites « brume » mais également sur un site urbain de Fort-de-France. Ces 2 types de prélèvements devraient permettre une comparaison de la composition des particules en milieu éloigné de sources anthropiques et en centre urbain.

Les conclusions de cette évaluation préliminaire seront rendues au cours du 3eme trimestre 2012. Elles devront permettre de définir la pertinence des sites pour l’évaluation pérenne des particules fines d’origine désertique. Mais elles apporteront avant tout de nouveaux éléments de connaissance sur la composition des particules désertiques et sur la contribution des sources naturelles ou anthropiques en milieu urbain lors de pics de pollution en PM10.


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